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L'Épiphanie
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L'Épiphanie est une fête chrétienne qui célèbre le Messie venu dans le monde, recevant la visite et l'hommage des Rois mages. Elle a lieu le 6 janvier. En France et en Belgique, ce jour n'étant pas férié, elle est, en vertu d'un indult papal, célébrée le premier dimanche de janvier sauf si celui-ci est le 1er janvier. En Espagne, où la célébration de l'Épiphanie est particulièrement importante, le jour est férié.
La fête s'appelle aussi « Théophanie », qui signifie également la « manifestation de Dieu ».
Histoire
De l'origine et jusqu'à la fin du IVème siècle, L'Épiphanie est la grande et unique fête chrétienne de la « manifestation du Christ dans le monde » ; mais à partir de l’introduction de la Nativité (Noël) le 25 décembre, l'Épiphanie met l'accent sur des spécificités selon les confessions et les cultures. Depuis le XIXème siècle on l'appelle aussi le « Jour des Rois » en référence directe à la venue et à l'adoration des Rois mages.
Origines de la fête
Fête de la Lumière, l'Épiphanie fait partie à l'origine du cycle de Noël et tire son sens des célébrations païennes de la Lumière. Ce cycle atteint son apogée au jour marquant le solstice d'hiver, le 22 décembre. Cette nuit du solstice — la plus longue de l'année — annonce le rallongement des jours et, par extension, la renaissance de la Lumière censée être à l'origine de toutes choses. Puis la célébration se prolonge après le 25 décembre durant un nombre de jours hautement symbolique : 12 jours et 12 nuits.
Le cycle prend fin le 6 janvier et les jours commencent à s'allonger sensiblement ; on célèbre alors l'Épiphanie, la manifestation de la Lumière. Par sa forme ronde et sa couleur dorée, la galette symbolise le soleil.
Le christianisme a repris ces symboles en assimilant la lumière au Christ, annoncé comme étant « la parole qui éclaire le monde ».
La date de l'Épiphanie correspond aussi à l'origine à une fête païenne, les Saturnales ; cette fête de l’antiquité romaine, durait 7 jours pendant lesquels la hiérarchie sociale et la logique des choses pouvaient être critiquées et parodiées.
L’hiver ou Saturnales par Antoine-François Callet, 1783 ; Musée du Louvre à Paris.
Par exemple, les soldats tiraient au sort, grâce à une fève, un condamné à mort qui devenait «roi» le temps des réjouissances mais était exécuté les Saturnales achevées, ou on intervertissait par tirage au sort et uniquement pendant la fête, les rôles entre maître et esclave.
Dans l’Eglise latine, cette fête célèbre la visite et l'adoration de l'enfant Jésus par les «mages», relatée dans l'Évangile selon Matthieu. Bien que la Bible ne donne pas leur nombre et ne parle que de «savants venus d'Orient», la Tradition a fait qu'ils sont habituellement appelés les trois Rois mages et sont nommés respectivement : Gaspard, Melchior et Balthazar, nom dont les initiales reprennent celles de la bénédiction: Christus Mansionem Benedicat, « que le Christ bénisse la demeure ».
L’Adoration des Mages par Matthias Stom, XVIIème siècle ; Musée des Augustins à Toulouse.
Dans les Eglises byzantines, elle commémore le baptême du Christ dans le Jourdain ; en Grèce, en Bulgarie, en Roumanie, en Serbie et en Russie, une croix est lancée par l'évêque dans un fleuve ou dans la mer et les jeunes gens rivalisent, en cette saison froide, pour plonger et la rapporter. La fête s'appelle généralement Théophanie et elle est préparée par un jeûne strict le 5 janvier.
L’Adoration des Mages, icône byzantine Athènes
Dans l'Église arménienne, c’est l’une des plus grandes fêtes de l'année car Noël n'est pas fêté le 25 décembre mais, selon l'usage chrétien ancien, le 6 janvier, qui correspond aussi aux anciennes traditions des premières églises chrétiennes selon lesquelles un enfant ne devient le fils de son père que le jour de sa présentation à lui et la reconnaissance du fils par son père.
Le baptême de Jésus dans le Jourdain correspond donc à cette présentation du Fils au Père.
L'Épiphanie dans la tradition populaire
La tradition veut que l'Épiphanie soit l'occasion de «tirer les rois» : une figurine est cachée dans une pâtisserie et la personne qui obtient cette fève devient le roi de la journée. Cette pratique trouverait son origine dans les Saturnales de la Rome antique. Ce n'est qu’au XIXème siècle que les figurines en porcelaine remplacent les fèves.
En France, depuis le XIVème siècle, on mange la galette des Rois à l'occasion de cette fête. La tradition veut que l'on partage la galette en autant de parts que de convives, plus une. Cette dernière, appelée «part du Bon Dieu», «part de la Vierge» ou «part du Pauvre», est destinée au premier pauvre qui se présenterait au logis.
La Fête des Rois ou le Roi boit par Gabriel Metsu, vers 1650/1655
Le tableau représente la Fête des Rois aux Pays-Bas septentrionaux au XVIIème siècle ; Alte Pinakothek à Munich.
Le Roi boit peint par Jakob Jordaens, vers 1640
Plusieurs tableaux sur le même thème ont été exécutés par l’artiste ; celui-ci est au Kunsthistorisches Museum à Vienne.
Ces deux œuvres montrent une fête copieusement arrosée et plus consacrée aux libations qu’à la dégustation du gâteau traditionnel…
Le gâteau des Rois peint en 1774 par Jean-Baptiste Greuze
Le peintre montre au contraire une Fête des Rois où les petits enfants sont au premier plan ; Musée Fabre à Montpellier.
Actuellement la fève traditionnelle est remplacée par un petit sujet caché à l'intérieur de la pâte ; La personne ayant dans sa part la fève est symboliquement couronnée roi ou reine et doit offrir la prochaine galette. Dans certaines familles on s’arrange pour que la fève ou la figurine revienne à un des plus jeunes enfants.
Fèves santons ou...
Fèves en biscuit à l’ancienne…
Elles font partie de notre collection personnelle
Dans le sud-ouest de la France, traditionnellement, on ne prépare pas une galette, mais un gâteau des rois qui est une brioche en forme de couronne, que l'on nomme «còca» en occitan et qui est couverte de sucre granulé.
La brioche des rois, parfumée à la fleur d’oranger et recouverte de grains de sucre
Dans le sud-est, cette même couronne est, en plus du sucre, garnie et couverte de fruits confits. Un santon (généralement santon-puce) tend à remplacer la fève. Cette «couronne des Rois» est toujours très présente mais se fait souvent concurrencer par la galette, moins chère (les fruits confits sont coûteux) mais aussi de fabrication et conservation plus faciles.
La couronne des rois et ses fruits confits figurant rubis, émeraudes et pierres précieuses
Les coutumes françaises
En Franche-Comté, les enfants se déguisaient en Roi mage et portaient une ceinture dorée sur une chemise constellée d'étoiles. Ils allaient de porte en porte en chantant et en agitant des sonnettes réclamer leur part. C'est aussi la galette de goumeau qui peut peser jusqu'à 150 kilos qu'on appelle aussi bisontine, galette des rois ou papet. Faite de pâte briochée, on la retrouve chez tous les boulangers pâtissiers bisontins et quelques autres du département du Doubs.
En Basse Bretagne, c'est un pauvre tirant un cheval orné de buis et de laurier qui s'arrêtait de porte en porte pour recueillir la part des pauvres.
A Paris, les artisans boulangers-pâtissiers offrent tous les ans la galette de l'Élysée. Cette galette ne contient pas de fève de façon à ce que le président de la République ne puisse pas être couronné. Cette tradition remonte à l'année 1975, date à laquelle fut offerte à Valéry Giscard d'Estaing une galette géante d'un mètre de diamètre.
La galette des rois dite aussi galette parisienne, fourrée de frangipane
En Guadeloupe, on ne fête pas comme tout le monde…L'Épiphanie ne représente pas le dernier jour des festivités de Noël mais le premier jour de "kannaval" qui se termine ... le soir du Mercredi des Cendres, dernier jour de folie où diables et diablesses vêtus uniquement de noir et blanc envahissent les rues.
Le soir voit s'approcher la fin du carnaval par "Grand brilé Vaval", l'incinération du roi Carnaval, "Vaval", sous les cris et lamentations de la foule.
Coutumes d’ailleurs
En Espagne, « Los Reyes Magos » le Jour des Rois Mages est un jour férié, celui où les enfants reçoivent les cadeaux tant attendus. La veille, en soirée, ils peuvent voir la cavalcade des Rois Mages qui font un tour dans les rues, les saluer et leur demander des cadeaux. Avant de se coucher, ils laissent leurs chaussures dans un endroit très évident de la maison pour que les Rois y déposent leurs cadeaux ; au petit déjeuner, on mange en famille le «Roscón de Reyes», gâteau des Rois, en forme d'anneau décoré de fruits confits représentant les rubis et les émeraudes qui ornent les manteaux des Rois Mages. Une petite fève se cache dans le gâteau et la personne qui la trouve est couronnée roi ou reine de la maison, une très bonne manière de commencer la nouvelle année.
Le Roscón de Reyes
En Catalogne, la couronne devient le Tortell de Reis
Au Portugal, le gâteau des rois change de forme et devient...
le Bolo Rei
En Italie, principalement au sud, l'ambiance est tout autre. Une fée bienfaitrice, Befana, distribue pendant la nuit de l'Epiphanie, les cadeaux, comme le Père Noël. Mais elle a un côté «Père Fouettard» car, aux enfants désobéissants, elle donne un bout de charbon tiré de son grand sac. Elle est vêtue de noir, et symbolise à la fois le mal et la fin de la saison des nuits longues. Toujours les mêmes croyances ancestrales, la peur de l'interminable nuit.
La Befana : jouet ou morceau de charbon ?
En Belgique et aux Pays-Bas, on mange également une galette à la pâte d’amande et pendant la journée, les enfants parcourent les rues en chantant la chanson de l’étoile en faisant du porte à porte pour recevoir des mandarines et des bonbons.
En Grèce et à Chypre, pas de galette «des rois» à proprement parler. On mange la Vassilopita, une galette en l'honneur de Saint Basile de Césarée ; cette galette est préparée la veille du nouvel an et ce n'est qu'au 1er janvier, jour anniversaire de la mort du saint qu'elle est coupée. Une pièce en or est mise dans la galette pour rappeler que le saint avait fait répartir équitablement la rançon non utilisée pour stopper le siège de Césarée.
La Vassilopita et sa pièce d’or
Au Mexique, les préparatifs commencent 10 jours avant Noël avec les posadas. Imitant les Rois Mages guidés par l’étoile, chaque famille, en procession, apporte des friandises sur la place du village ; elles serviront à remplir les pinatas, d'énormes animaux en poterie ou papier mâché très colorés qu'on suspend le jour de l'Épiphanie. Les enfants doivent essayer de briser la pinata afin qu'elle s'ouvre comme une corne d'abondance, déversant tout leur contenu de friandises et de menues monnaies.
Une pinata, superbe et pleine à craquer de friandises
Un coup de bâton bien ajusté et c’est une averse de friandises
Dans le sud des Etats-Unis, c’est le King Cake que l’on mange traditionnellement pendant la saison du carnaval qui commence le 6 janvier, la «Nuit des Rois».
Le King Cake est un gâteau ovale décoré de couleurs royales : pourpre pour la Justice, vert pour Foi et or pour le Pouvoir, qui rappellent les pierreries des Mages qui sont venue adorer l’Enfant Jésus. Un bébé en plastique ou porcelaine est caché dans le gâteau.
Le King Cake
Sources :
Diocièse de Rouen
Wikipedia
Lexilogos